L'épervier, vous connaissez? Ce petit rapace renommé pour son vol rapide et sa hardiesse à capturer ses proies. C'est ainsi qu'a été nommé une vaste opération anti-corruption lancée au Cameroun.
L'opération épervier a été déclenchée au Cameroun en 2006. Elle a déjà entraîné derrière les barreaux 77 personnes, tous des anciens collaborateurs du régime Biya. Il s’agit donc d’une épuration sans précédent. L’on assiste ainsi à une déchéance des grands féaux du régime.
La première question qui me vient à l’esprit est celle de savoir comment un régime peut-il lutter contre lui-même? Les ministres chargés de mener les arrestations de leurs collègues ne sont pas eux même exempts de tout soupçon. D’aucuns parlent alors d’un règlement de comptes entre ennemis politiques. Combien sont-ils, ces dirigeants camerounais, à n’avoir pas pillé les caisses de l’État ? Quels sont les critères d’arrestations? Est-ce le montant de la somme détournée? Les projets impliqués? Les conséquences du détournement? On aimerait bien savoir. Parce que tout cela ressemble à un grand cirque. Et d’ailleurs le grand Manitou lui-même? C’est quand même étrange qu’il se présente comme la pauvre victime innocente qui a été trahi par ses proches collaborateurs. L’imputabilité ne revient-elle pas au chef, en fin de compte? L’image qui me vient à l’esprit est celle d’une équipe de football, passion par définition du peuple camerounais. Comme le Hockey au canada. Lorsqu’on forme son équipe, les actes des éléments engagent directement la responsabilité du chef d'équipe. C’est sur ce principe basique que se fondent les sportifs pour virer le coach en cas de contre performance de l'équipe sur le terrain, même si les joueurs n'ont en aucun cas suivis les consignes. D’ailleurs combien de fois le Cameroun a dû changer de coach lorsque les joueurs n’ont pas été a la hauteur? Tout cela pose la pertinence même de cette opération.
Il se dit que ce sont les USA et leurs bras droits le FMI et la BM qui auraient contraint le régime a lancer cette opération pour « assainir le cadre d’investissement» au Cameroun. Or la toute puissante Amérique a fait et défait bien des régimes ailleurs dans le monde. Qu’est ce qui les retient en ce qui concerne ce régime qu’ils tentent d’épurer? Quels sont les enjeux et les intérêts véritables dans cette affaire?
Et l’interrogation ultime : à quand le rapatriement des fonds? Le montant détourné s'évalue environ à 215 milliards de Fcfa. Si au moins le pauvre contribuable pouvait récupérer son argent, il aurait au moins gagné quelque chose. Mais rien ne semble encore se concrétiser dans ce sens. Alors on continue d’assister à la déchéance d’un régime qui s’entredéchire, en attendant impatiemment quand est ce qu’il cèdera enfin la place. Autant dire que nous ne sommes pas sortis de l'auberge...
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